Bien qu’originaire du Hainaut, Magritte passera l’essentiel de sa vie à Bruxelles, où il occupera, à partir de 1915 jusqu’à sa mort en 1967, pas moins de sept domiciles. La période qu’il passe à la rue Esseghem à Jette, un faubourg au nord de Bruxelles, demeure la plus captivante pour approcher le peintre. Lorsqu’il s’y installe avec sa femme Georgette, à l’âge de 31 ans, il est apprécié et soutenu par quelques rares initiés, et doit se consacrer à côté de sa peinture, à des travaux publicitaires qu’il réalise dans un atelier au fond du jardin. Vingt-quatre ans plus tard, devenu une sommité internationale, il quittera le petit appartement de la rue Esseghem pour s’installer dans un quartier plus bourgeois à Schaerbeek.
Entre-temps, il aura produit à la rue Esseghem près de la moitié de son œuvre, avec le soutien de ses amis surréalistes qu’il invitait régulièrement chez lui. Pendant cette période, Magritte mène à leur terme des expérimentations inédites sur la couleur et la forme, celles qui caractérisent sa “période vache” ou sa période “Renoir“, conçoit et publie des revues telles que La carte d’après nature. Il produit encore, à la rue Esseghem, parmi ses plus grands chefs-d’œuvre, dont L’empire des lumières (1949) , La Condition humaine (1933) ou La durée poignardée (1938)…